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Patrimoine culturel immatériel : UNE ATTENTION PARTICULIÈRE PORTÉE SUR LE MANDEN

Le ministère de la Culture envisage d’inscrire les sites historiques et paysages culturels du Manden sur la liste du patrimoine de l’UNESCO.
Ce qui traduit tout l’intérêt qu’il accorde à la protection et promotion du riche patrimoine culturel de cette partie du pays.
L’amphithéâtre de l’Institut de formation des maîtres (IFM) de Kangaba a abrité, le 20 décembre dernier, la cérémonie de lancement des campagnes de sensibilisation à la sauvegarde et la valorisation des éléments du patrimoine culturel immatériel (PCI) du Manden, notamment des éléments répertoriés dans l’inventaire national du patrimoine de Siby et de Kangaba dans la Région de Koulikoro. C’était en présence du préfet de Kangaba, Alidjibagna Touré, des chefs coutumiers et religieux et de nombreux élèves.
Pour Yamoussa Fané, conseiller technique représentant le ministère de la Culture, le choix du Manden n’est pas fortuit. Cette localité est le berceau de l’empire du Mali. Il s’est naturellement imposé comme une terre de rencontres et d’échanges et reste aussi le bassin millénaire de sédimentation de valeurs humaines, tissées en une longue chaîne de traditions, qui façonnent l’homme à l’image de la société et des vertus qui la fondent. Les communautés issues de ce brassage se sont distinguées, tout au long des siècles passés, par la paix sociale, la cohésion et le vivre ensemble, empreint de culture et de justice, de respect de l’autre mais aussi de tolérance et de coexistence pacifique. Certains de ces legs immatériels sont classés dans le patrimoine national et inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, à savoir la réfection septennale de la Case sacrée de Kangaba, la Charte du Manden, proclamée à Kurukanfuga et les festivals.
Le ministère de la Culture envisage d’inscrire les «sites historiques et paysages culturels du Manden» sur la liste du patrimoine de l’UNESCO. Ce qui traduit tout l’intérêt qu’il accorde à la protection et promotion du riche patrimoine culturel de cette partie du pays. Mais, il faut reconnaître qu’en dépit de sa richesse et de sa diversité, le patrimoine culturel malien en général et celui du Manden, en particulier, sont méconnus du grand public. «Cette situation à des conséquences, en l’occurrence des actions contradictoires voire préjudiciables, accomplies par les collectivités locales, ONG et autres sur le patrimoine culturel», avertit le conseiller technique. Pire, nombre de ces éléments sont, aujourd’hui, en péril du fait de certains facteurs, notamment pillage, intempéries naturelles, négligence coupable, manque d’entretien et mutations diverses.
La rencontre se voulait donc un éveil de conscience sur l’importance du patrimoine culturel dans le processus de développement de nos collectivités à travers le tourisme. Elle constituait aussi un appel aux citoyens pour la sauvegarde et la revitalisation de ces trésors. «Ce n’est pas seulement l’affaire du ministère de la Culture mais c’est aussi un devoir pour tous» a conclu Yamoussa Fané. Le représentant du Bureau UNESCO à Bamako, Modibo Bagayogo, explique que dans le cadre de la protection de ce riche patrimoine, notre pays s’est doté d’instruments juridiques au plan national et international (textes de lois, décrets, conventions, traités et accord).
Aujourd’hui, notre pays dispose de 4 sites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et 8 éléments sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, dont la Charte du Manden, proclamée à Kurukan Fuga en 1236. Cet acte renvoie un message de paix sociale dans l’unité et la diversité et stipule le principe de l’inviolabilité de la personne humaine et l’importance de l’éducation, entre autres. Le PCI, les interdictions et restrictions relatives à certaines pratiques, manifestations et expressions culturelles, ont porté atteinte aux identités culturelles des communautés des régions qui étaient occupées. Ces destructions et interdictions causées par les occupants, jugeant le patrimoine local satanique, ont eu un impact multiplicateur qui a profondément affecté les sentiments identitaires des communautés locales. Les expressions et traditions orales présentes sur le territoire malien ont toujours permis aux populations d’exprimer leurs valeurs et connaissances et restent des outils précieux de résolution des conflits mais aussi de maintien de cohésion inter et intracommunautaire.
De nombreuses manifestations et pratiques culturelles ont connu un coup d’arrêt. Ce phénomène était lié au conflit parce que les populations, craignant d’être stigmatisées ou d’être la cible d’attaques punitives. Face aux atteintes graves portées au patrimoine culturel, le ministère de la Culture et l’UNESCO ont initié des actions afin de protéger le patrimoine en péril. Un vaste programme de réhabilitation du patrimoine culturel a été mis en place à partir de février 2013 pour reconstruire, réhabiliter, sauvegarder et revitaliser les biens endommagés.
Le projet «d’inventaire du patrimoine culturel immatériel au Mali en vue d’assurer sa sauvegarde urgente» d’un budget de 307.307 dollars, piloté par le ministère de la Culture, en collaboration avec l’UNESCO, fut un des volets importants de ce programme. Le but du projet était de dresser la liste des éléments du PCI affectés par la crise et de proposer des pistes de revitalisation des expressions et identités culturelles affectées.

Youssouf DOUMBIA

L’Essor

 

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