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Mot de la semaine : Rupture

L’Imam Mahmoud Dicko organise un meeting géant de protestation contre les tueries et l’inertie du gouvernement face aux multiples crises auxquelles le pays est confronté, à quelques encablures de la place de l’indépendance, ce vendredi 5 avril 2019. La rupture semble désormais, donc, consommée entre les deux tendances religieuses, à savoir celle du duo Dicko/M’Bouyé de Nioro et la tendance Chérif Ousmane Madani Haidara. En d’autres termes, le duo en organisant ce meeting, consacre la bipolarisation de la classe religieuse sur la place publique. Pourquoi sont-ils tombés dans le piège des hommes politiques ? A qui profite ce désordre ? Voici une série de questions que tout observateur doit se poser.

A analyser l’événement, le constat que l’on peut dresser est l’instrumentalisation de la religion. Celui que Dicko roule pour l’Opposition et Haidara pour la Majorité. A en juger par les contenus de leurs programmes, on peut affirmer sans risque de se tromper que la démarche de Dicko engrangera des succès populaires. Dicko a su capitaliser toutes les colères, qu’elles soient sociales, sécuritaires ou politiques, d’où la forte adhésion d’un plus grand nombre de ses concitoyens. Le combat de Dicko, même s’il y a des arrières pensés politiques, est celui des pauvres, des victimes des massacres intercommunautaires et des blasés de la République. Il a de fortes chances d’être suivi parce qu’ils sont nombreux au Mali, ceux qui se reconnaissent dans son combat.

Quant à son désormais adversaire, à savoir Chérif Ousmane Madani Haidara, qui a préféré suspendre la prière collective initialement prévue ce même jour, il apparait aux yeux de beaucoup de maliens comme un fervent soutien du régime. Par ce préjugé défavorable, il est en train de perdre, non seulement son aura d’antan, mais aussi toute sa crédibilité. Toutes les actions de sa tendance s’inscrivent dans ce cadre et Chérif Ousmane Madani Haidara rappelle fort opportunément l’époque de Moussa Traoré où l’imam Balla Kallé. Ce dernier avait demandé aux fidèles musulmans de la grande mosquée de prier pour le Président Moussa Traoré et le Mali. Le Chérif de Banconi devrait méditer cette célèbre citation d’Alphonse De Lamartine, à savoir, honte à celui qui chante pendant que Rome brûle. Le Mali est dans l’impasse et les tenants du pouvoir sont les premiers responsables de la situation. Donc, vouloir soutenir aveuglement le gouvernement peut être interprété comme une trahison.

En somme, toutes les deux tendances religieuses sont tombées dans le piège des hommes politiques. Elles doivent désormais s’attendre aux mêmes coups, aux mêmes intrigues et aux mêmes trahisons qui ont pignon sur rue sur la scène politique. A qui profite réellement cette cacophonie au sein de la Ummah Islamique du Mali ? A personne.

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