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Modibo Keita, premier président du Mali : Ses valeurs républicaines doivent prévaloir en ces moments difficiles pour le Mali

« L’avenir prometteur d’un pays dépend aussi de la bonne volonté de ses dirigeants et de la prise de conscience de sa population », dit-on.
 

Notre pays, depuis 2012 jusqu’à nos jours, est en train de vivre des moments difficiles. Chaque fois des évènements sans précédent surviennent pour créer la discorde au sein de la population. Le pays est sur tous les fronts : insécurité grandissante, crise politique, crise sociale, crise économique, etc.

Il y a lieu de temps à autre pour nous, fils du pays, de chercher à comprendre notre passé, à faire des comparaisons et à tirer des leçons afin de bien gérer les défis de l’heure. Modibo Keita, l’homme qui malgré ses erreurs en tant qu’être humain, avait toujours voulu un Mali avec un avenir prospère et une Afrique avec un avenir prospère et réconciliée avec elle-même. Telle fut la vision de cet homme d’état mort en prison. Telle fut la vision de cet homme qui avait toujours dit non à l’impérialisme. Mais ses ennemis ont eu raison sur lui, les ennemis de l’Afrique ont écourté sa vision.

Cet homme fut un visionnaire qui avait prédit le malheur que le Mali et l’Afrique vivent de nos jours par des faux cadres dans les administrations, des dirigeants dirigés, la corruption à grande échelle, la domination politique, économique et culturelle étrangère avaient été prédits. Il l’avait vu et il fallait trouver une solution pour que le Mali et l’Afrique ne soient pas une proie facile.

Nous te regrettons, Modibo Keita                                                                                                  

Nous avons été inscrits à l’école par nos parents, qui parlent peu de ta vision, de ton combat. Ils se pressent d’assouvir nos soifs matérielles, mais faire de nous des femmes et des hommes, de bons citoyens, cela est relayé au second plan.

Nous te regrettons, Modibo Keita                                                                                                           

Tu as dit, tu as prévenu. Tu as prédit des faits qui se réalisent aujourd’hui. Ton peuple d’aujourd’hui n’est pas ce que tu aspirais, tes hommes et femmes ne sont pas ce que tu voulais, tes dirigeants sont ce que tu avais prédit. Tes jeunes ont laissé le chemin. Les ennemis que tu combattais et dont tu avais peur sont là, ils sont là, partout, et dans tout. Quel regret ? Les difficultés que traverse le Mali nous rappellent tes propos qui, si tu étais là et si ceux-ci étaient mis en application, le Mali ne serait pas le pays dont on dit « pauvre »  avec toutes ces ressources qu’il possède.

On se rappelle de tes propos…                                                                                                   

« Notre liberté serait un mot vide de sens si nous devions toujours dépendre financièrement de tel ou de tel pays, et si, à tout moment, on devait nous le rappeler ». Tu as dit vrai. En 2014, La suspension de l’aide suédoise à l’Ouganda a intervenu suite à la décision de la Banque mondiale, du Norvège, du Danemark et des Pays Bas de geler leurs dons et prêts à l’Ouganda  pour cause de la loi anti-homosexuelle adoptée par Kampala. L’Ouganda a été obligé de revenir sur sa décision. Ces puissances cherchent à nous distraire avec des projets qui ne nous arrangent pas. Dans la vie, quand ta subsistance dépend d’une autre personne, tu subis parfois des agissements contre ton bonheur.

On se rappelle de tes propos…

« Le Mali est un pays agricole, certes, mais une économie malienne harmonieusement équilibrée ne s’instaurera que s’il existe des industries agricoles, ce sera là le moyen de remédier à notre dépendance économique et d’éviter une sortie exagérée des devises qui serait préjudiciables à notre jeune économie ».

Tes ennemis ont su que tu voulais la vraie indépendance de ce pays, c’est la raison pour laquelle ils ont mis fin à ton pouvoir et à ta vie. Quelle déception ! La majeure partie des agriculteurs souffrent, le coton cultivé est exporté en Europe pour être transformé. Malgré notre 1er rang de production des différentes cultures, nos paysans n’ont toujours pas la vie qu’ils méritent. Les quelques usines que tu avais construites ont été détruites, des jeunes se sont retrouvés au chômage. D’autres sont humiliés à l’étranger. Notre économie n’est pas stable. Il y a trop de pauvres et d’analphabètes ( y compris ceux qui ont les gros diplômes).

 

On se rappelle de tes propos…                                                                                                       

« Des institutions politiques et administratives, des structures économiques et sociales, un système d’enseignement et d’éducation conçu et réalisés pour le seul bénéfice du colonialisme, une volonté marquée de faire de l’Africain un être irresponsable, incapable d’initiative (…), et parfois même d’acceptation de la situation de fait qui leur était imposée. »

La situation actuelle de notre système d’éducation est un exemple frappant, l’école va mal, il y a la corruption à l’école, l’école ne permet plus d’avoir un esprit critique, les papiers sont achetés au nom de diplôme, il y a trop de jeunes au chômage. Nos filles et nos femmes sur le chemin de la recherche d’un emploi sont parfois victimes d’agissements sexuels malveillants.

N’as-tu pas dit : « Ainsi a-t-on souvent connu des africains qui ont cru en la pérennité du régime colonial et se sont comportés en véritables dominateurs à l’égard de leurs frères. De même que, certains de nos compatriotes ont-ils cru devoir mépriser nos traditions locales (orales et écrites) au profit de celle du conquérant. La colonisation intellectuelle accomplissait inexorablement son œuvre de destruction de notre patrimoine et de corruption de nos élites. »

De nos jours, peut-on douter de la colonisation intellectuelle de nos états ? Ceux qui ont la reine de nos pouvoirs, sont ceux qui n’ont pas fois en l’Afrique et ne cherchent que le pouvoir et l’argent. Chaque fois des systèmes éducatifs sont importés de l’extérieur pour distraire nos états.

On se rappelle de tes propos…

«  Nos ethnologues s’intéresseront à l’étude des individus et des races qui peuplent nos régions, nos géologues à l’étude de notre sol et de notre sous-sol, nos physiciens à l’étude de nos climats, nos pharmaciens à la richesse insoupçonnée de notre pharmacopée, nos docteurs à la lutte contre les maladies (…) qui sont encore le lourd tribut de nos contrées, nos philosophes et nos sociologues se livreront à d’utiles travaux sur notre philosophie et la morale de nos sociétés pour en dégager la valeur universelle.»

Quel homme de vision ? Combien de maliens sont en train d’étudier les individus ? Nos philosophes et nos sociologues dispensent des cours.

Nos ressources ne sont-elles pas exploitées par des entreprises étrangères? Même si des maliens occupent le terrain, la mauvaise gestion mettra l’entreprise à terre. Même nos propos ordures sont ramassées par des étrangers. Des maliens se sont vus quitter le pays parce que l’état a compliqué les choses avec la fiscalité. Avant que tu ne t’installes, ceux qui ont la gestion en main commence à te demander des pots de vin. Ces élites ne sont-ils pas ceux dont a parlé Modibo Keita ?

 

On se rappelle de tes propos…

«  À cet égard, il n’est pas superflu de rappeler à nos jeunes qu’ils ont une lourde mission à remplir au sein de la société, et qu’ils pourront s’en acquitter qu’en se mettant à l’abri de tout déracinement intellectuel, qu’en étendant parfois les messages des valeurs culturelles de leur pays. »

«  Nous ne faisons pas d’illusion ! Nous serons aidés certes, mais disons-nous qu’un pays ne se construit jamais qu’avec l’aide extérieure, et soyons convaincus qu’un tel pays n’est jamais indépendant. » « Nous savons que ceux qui ont souffert de la guerre ne veulent jamais la guerre ; mais nous savons que ceux s’enrichissent de la guerre sont les seuls à vouloir la guerre.» «  Le Mali, territoire intérieur, avec ses positions objectives se créera fatalement des ennemis. Ces derniers feront tout pour que nous échouions, car ils savent que cet éventuel échec pourra être exploité »

«  Agissez bien vous jeunes, afin que demain le pays ne fasse pas appel à des cadres précocement pourris. Ne soyez pas brigadiers seulement la nuit, soyez le dans les bureaux, dans les ateliers. Exercez sans défaillance la mission qui vous est confiée. Dénoncez objectivement tout ce qui est suspect et (…) antipeuple, antimalien, antiafricain »

«  On ne construit pas, on n’innove pas dans la facilité »

On se rappelle de tes propos…

« Dans le pays que nous voulons construire, nous voulons que chacun se sente chez soi, que chacun de vous : jeunes, vieux, femmes, sache qu’il n’est pas oublié, qu’il a sa part dans la prospérité générale, car ce pays ne sera construit ni par le gouvernement, ni par les gouvernants seuls. Il sera l’œuvre de toute la communauté malienne. »

Le comportement des dirigeants a encouragé le manque de patriotisme, les gens sont devenus des pessimistes et à cause du bien matériel, nous vendons notre âme au diable. Depuis le début du mariage, à la conception de l’enfant, on nous apprend que c’est le matériel qui est la vie, par conséquent les pitiés ont fui les cœurs.

On se rappelle de tes propos…

«  Les journalistes doivent toujours être des psychologues et savoir interpréter les réactions et les silences de celui qu’ils ont en face d’eux. »

Le journaliste qui veut faire son travail comme il le faut n’est pas en sécurité. Il n’est pas en sécurité dans un pays où la justice est taillée sur mesure. Vu la dureté de la vie, certains d’entre nous prennent de l’argent pour faire des chantages ou pour avoir de l’argent. Les informations données sont subjectives et lorsque l’on parle pour plaire.

On se rappelle de tes propos…

 

« Les puissances coloniales essayeront donc de nous éliminer, de créer, sur le plan intérieur, les conditions d’une révolution, cette fois, non pas dans le sens du progrès, comme nous le concevons, mais dans le sens de la régression, vers un système économique différent qui permettrait le maintien intégral de leur emprise sur notre pays. Nous devons être excessivement vigilants. Nous avons engagé une lutte d’envergure. Mais avec notre passé et notre confiance dans les valeurs de notre pays, nous sommes convaincus que nous vaincrons.

Il faut se convaincre d’ailleurs la victoire du Mali ne sera pas seulement notre victoire. Notre victoire sera aussi la victoire de l’Afrique, qui se cherche et se construit, de l’Afrique qui, dans certaines zones, essaie de s’affranchir de la tutelle des puissances coloniales, mais qui hésite à emprunter la voie directe et courageuse pour laquelle nous avons opté.

Eh bien, si nous échouons, ces pays qui hésitent se rejetteront définitivement dans les bras des anciennes puissances coloniales, et leur indépendance ne sera que de nom. »

Mouamar Khadafi est parti, Thomas Sankara est parti, Patrice Lumumba est parti, Modibo keita lui-même n’a pas échappé, le coup d’état en Côte d’ivoire suivi de la guerre civile, suivi de l’humiliation de Gbagbo, le Mali n’a pas échappé à la guerre et au djihadisme, la distraction avec des problèmes liés à l’homosexualité, polygamie ( RCI, Guinée), tels sont des exemples frappants. Ceux qui veulent lutter pour un avenir meilleur de l’Afrique sont transformés en démons et abattus, et avec la complicité des frères africains.

 

On se rappelle de tes propos…

« C’est ici que je veux m’adresser aux cadres jeunes de notre pays, pour m’inquiéter avec eux des moments où les choses dans l’ensemble affectaient l’allure d’une course aux avantages matériels. Il reste que dans de telles situations, seul leur sens de la responsabilité est en cause.

Car, être responsable, c’est diriger, c’est orienter, c’est aussi contrôler de près l’application des principes démocratiques (…), qui à aucun moment ne peuvent être jetés par-dessus bord. »

« J’estime qu’il est essentiel qu’on ne peut pas parler d’unité nationale s’il y a des écarts considérables de moyens de vie, des écarts au point de vue niveau sur le plan sanitaire, sur le plan éducatif, entre les diverses couches de la population, alors que toutes sont engagées d’une manière absolue dans la lutte du développement économique de la république. »

Le lecteur fera son propre constat concernant l’unité nationale.

On se rappelle de tes propos…

« Nous pourrons avoir des présidents de la république, nous pourrons avoir des présidents du gouvernement, des ministres, des assemblées nationales, mais si chacun de nous n’a pas le sentiment d’être indépendant, si chacun n’est pas animé de la volonté de faire en sorte que cette indépendance devienne une réalité et si chacun de nous n’accepte pas en conséquence les sacrifices nécessaires dans sa vie quotidienne, dans sa vie de tous les jours pour que cette indépendance devienne une réalité, eh bien, malgré nos présidents de la république, nos présidents de gouvernement et nos assemblées nationales, nous continuerons à subir éternellement la domination étrangère.

Voilà le lot que l’on prépare à l’Afrique, voilà l’avenir qu’on réserve au continent africain : avoir à la tête de nos états des marionnettes répondant et agissant au mot et à la lettre d’autorités étrangères ! Les peuples africains ne peuvent se contenter de cela, la république du mali, encore moins. »

Etre un président africain de nos jours, surtout dans un pays francophone, c’est tout un ensemble de défi.

« (…) pendant plus de 70 ans (…), nos populations, surtout qui étaient en contact direct avec l’élément colonisateur, avaient été conditionnées. On leur avait créé une mentalité d’homme inférieur, on avait créé chez elles des complexes qui leur faisaient douter d’elles-mêmes, de leur pays, de leur race, de sorte qu’elles n’arrivaient même pas à réaliser qu’avant cette domination coloniale, elles avaient une personnalité, elles avaient une patrie, elles avaient un pays. Elles ne savaient pas que l’homme africain était un homme complet. »

Les problèmes de la vie ont fait que l’on croit de moins en moins à la sueur de son front pour réussir. Ceux qui ont les moyens sont tentés de prendre la part du pauvre.

«  Dès l’instant qu’un peuple est sans complexe, il est assuré de pouvoir surmonter ses faiblesses quelles qu’elles soient.»

Yacouba Da

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