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MAGAZINE:Utilisation abusive des réseaux sociaux : Le nouvel opium de la société malienne

Au Mali, l’avènement de l’internet, des réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, Viber) en général et l’accès facile aux portables Android, IPhone… en particulier, a révolutionné le quotidien des jeunes dont l’éducation de cesse d’en pâtir. Témoignages !

Créés pour faciliter la communication rapide et la diffusion de l’information, les réseaux sociaux sont devenus les nouveaux compagnons des jeunes Maliens. En effet, depuis le bas âge, les enfants maitrisent le téléphone et la tablette. Dès l’adolescence, ils s’inscrivent sur les réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Viber. Ne sachant pas les dangers auxquels ils s’exposent, ils imitent les autres dans le bon tout comme dans le mauvais sens. Certains mettent toutes leurs informations personnelles, d’autres publient des photos de toutes sortes. Il y en a même qui racontent leurs problèmes familiaux, envoient des photos de leur corps nu sous forme de message privé, sans tenir compte des conséquences en cas de pirate.  L’occasion faisant le larron, une autre catégorie utilise les réseaux sociaux pour monter des opérations d’escroquerie, tandis que pour d’autres, c’est un lieu de règlement de comptes, très souvent politiques, ces derniers temps.

M.D, 14 ans, élève en 9éme année : “Les conseils de ma cousine m’ont épargné une mésaventure”

Elle nous confie qu’elle utilise les réseaux sociaux depuis deux ans : “J’utilise beaucoup Facebook et WhatsApp. Souvent je fais des recherches sur Google pour mes exposés. Facebook me permet de me faire des amis, d’être informée sur l’actualité internationale. Parfois aussi, je publie des photos que mes amis aiment et commentent. Par ailleurs, certains Blancs me demandent souvent des photos de moi en sous-vêtement ou soutif, sous prétexte qu’ils m’enverront de l’argent par Western-union, mais je les retire ou les bloque car pour moi rien ne peut acheter ma dignité. J’ai même failli être victime d’escroquerie. Une fois, un de mes correspondants m’a fait croire que, comme je lui suis sympathique, il m’enverra des habits et sacs par conteneurs. Mais une fois au port, d’appeler le numéro qu’il m’a envoyé et auquel je devais envoyer de l’argent par Western union pour le dédouanement. Heureusement que ma cousine avait connu la même situation. Ses conseils m’ont épargné une mésaventure. J’utilise les réseaux sociaux pour rester en contact avec mes amis et ça me permet d’économiser mon crédit téléphonique.”

A.S, enseignant :

“Les réseaux sociaux

ont des impacts négatifs sur l’éducation au Mali”

La dépendance aux réseaux sociaux est l’une des causes de l’échec scolaire chez certains jeunes comme nous a confié A.S, enseignant d’histoire et géographie de la 9ème année : “Je ne sais plus comment faire avec mes élèves en classe. Je passe mon temps à les renvoyer de la classe à cause de l’utilisation des téléphones, mais on dirait que c’est ce qui rend la situation pire. Certains restent permanemment connectés pendant le cours. J’ai beau leur demander d’éteindre leur téléphone, ils refusent d’obtempérer. Je punis même certains d’entre eux à cause de cela. Je convoque chaque fois des parents d’élèves à propos de leurs enfants, mais la situation n’évolue pas. Il y en a même qui utilisent leur portable lors des examens, malgré les consignes. Lorsque tu les dénonces pour fraudes, ils arrangent parviennent à arranger cela avec l’administration. C’est une triste vérité, mais les réseaux sociaux ont des impacts négatifs sur l’éducation au Mali, parce que rares sont ceux qui l’utilisent pour se former car pour nos jeunes, c’est juste un moyen de distraction. Aussi, avec la diffusion rapide et facile de l’information, il y a des fuites des sujets d’examens nationaux et cela malgré les précautions prises chaque année par les acteurs de l’éducation. Un phénomène dont le Mali et d’autres pays voisins sont victimes, un fléau à combattre pour la réputation de l’école africaine”.

En dehors de son impact négatif sur l’éducation, les réseaux sociaux diminuent même les discussions entre les gens.

B.S. 28 ans, chef d’un grin : “Les réseaux sociaux ont détruit les liens forts qui unissaient les gens”

Il nous confie qu’il se demande pourquoi lui et ses amis se rassemblent-ils pour le grin du vendredi soir : “Les réseaux sociaux ont détruit les liens forts qui unissaient les gens. Avant nous étions heureux de nous retrouver en début de weekend, on échangeait sur des problèmes de la société, les difficultés des uns et des autres. Bref, c’était bien, mais actuellement tout le monde se présente par formalité, on s’assoit ensemble, mais chacun a son téléphone et discute en ligne, on ne se parle que quand le thé arrive ou juste pour parler de ce qui se passe sur Facebook”.

F.C. 15 ans, élève en 11ème année : “A cause des réseaux sociaux, mon père m’a chassée de la maison et m’a reniée”

Elle nous a fait part de sa mésaventure sur les réseaux sociaux : “Les réseaux sociaux ont détruit ma vie. Actuellement, je ne vis plus avec mes parents à cause de Facebook. J’ai été naïve de faire confiance à mes amis. Nous avions chômé les cours pour une sortie avec des copines et des copains. On s’amusait. Nous avions pris des photos et fait quelques vidéos. J’étais gênée au début, mais ma copine m’a rassurée que c’était juste entre nous et pour les souvenir et que si je refusais mon copain allait me trouver nulle et me larguerait, alors j’ai accepté.

Des jours après, les photos et vidéos ont été publiées sur Facebook et partagées par mes connaissances. Vu le statut de mon père à la mosquée, il m’a chassée de la maison et m’a reniée.”

Arrêtons-nous-en là car la coupe est déjà pleine. Elle déborde même ! En un mot comme en mille, les réseaux sociaux, malgré leurs avantages dont la facilitation de la communication, la diffusion de l’information et même la publicité, peuvent cependant avoir de mauvaises influences sur les enfants, leur éducation. Bref, ils détruisent nos us et coutumes et deviennent ainsi le nouvel opium de la jeunesse qui est en train de miner les fondements de notre société.

Réalisée par Amina DIARRA (Stagiaire)

SourceAujourd’hui-Mali

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