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Grande muette : ça n’en bourdonne pas moins dans les rangs après le retour quasi triomphal des déserteurs

Le retour et la réintégration des déserteurs de l’armée ont suscité un malaise certain dans les rangs des militaires et de l’opinion nationale. On perçoit mal, comme à Sévaré, les honneurs consentis pour leur accueil et les avantages subodorés, comme récompenses de la traîtrise, des exactions et autres crimes odieux commis par ces terroristes.

Bien que réputée grande muette, ça n’en bourdonne pas moins dans les rangs après le retour quasi triomphal des déserteurs de l’armée qui avaient grossi les rangs terroristes d’Ançar Dine et du MNLA, au cours de leur sanglante équipée sur le nord du Mali. En particulier, on comprend assez mal dans l’opinion nationale, les honneurs enthousiastes avec lesquels la haute hiérarchie militaire, à travers le Chef d’Etat-major général des Armées, M’Bemba Kéita et même le Ministre de la Défense, l’invisible Tiémoko Sangaré, ont accueilli ces  sanguinaires qui ont tiré dans le dos de leurs frères d’armes, participé à l’attaque sanglante d’Aguelhoc de sinistre mémoire, écrasé et déshonoré les forces armées et même les représentants de l’administration malienne, en éventrant et égorgeant des soldats et représentants de l’Etat capturés, après la prise d’Aguelhoc et, plus tard, après la fuite éperdue de Moussa Mara, qui avait abandonné ceux qui étaient venus à sa rencontre au Gouvernorat de Kidal, pour se réfugier dans un camp.

L’opinion reste estomaquée, à l’idée des promotions accordées à ces individus, flanqués de grades ne répondant à aucune norme hiérarchique, ni parcours d’expériences et de connaissances, si ce n’est la seule pratique du terrorisme, des assassinats, des viols, des extorsions, des pillages et autres exactions auxquelles se sont adonnés ces narcoterroristes quand ils ont soumis le nord du pays. De même et en dépit des véhémentes dénégations du Colonel Diaran Koné, il se murmure toujours que l’Etat devrait payer à cette engeance terroriste les quelques sept années passées hors de l’armée nationale après leur désertion, consacrées à piller, voler et assassiner.

Aux yeux de bon nombre d’éléments de la troupe, le traitement spécial réservé à ceux-là qui ont trahi, massacré et aidé à massacrer suscite l’indignation, car cela revient à faire croire que des crimes passibles de la cour martiale et du peloton d’exécution, sont exonérés et donnent plutôt droit à des avantages en nature financière et promotions en grades.Côté opinion publique et même de certaines organisations de la société civile, péniblement engagées dans la défense des droits de l’homme, on dénonce à travers cet accueil en fanfares, les prémisses de l’application de la loi d’entente nationale, encore sous le boisseau. Certes, le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga a fait un pas en arrière sur le vote de ce texte controversé, car il est confronté à une légitimité parlementaire, frisant l’illégalité et un conflit social multiforme sur lequel l’exécutif peine à avoir une emprise. Mais, d’après plusieurs observateurs, la seule façon pour le gouvernement de faire passer, dans l’opinion et dans la troupe, la pilule amère de l’intégration.

A.T.Dansoko

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