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Dix Casques bleus tchadiens tués au Mali

L’attaque a été revendiquée par Aqmi, qui aurait agi «en réaction contre la visite (dimanche) de Benjamin Nétanyahou au Tchad». Cela au moment où Paris annonce la reprise des opérations de la force du G5 Sahel
L’attaque la plus meurtrière de djihadistes contre l’ONU au Mali a coûté dimanche la vie à dix Casques bleus tchadiens et blessé au moins 25 autres, a annoncé le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, dans un communiqué. Un précédent bilan faisait état de huit casques bleus tués.
Le groupe djihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l’attaque, indiquant avoir agi «en réaction contre la visite (dimanche) du Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou au Tchad», selon l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar, connue pour recevoir et diffuser régulièrement des communiqués de cette mouvance.
A l’aube, les Casques bleus du contingent tchadien stationnés à Aguelhok, dans le nord-est du pays, à 200 km de la frontière algérienne, ont «repoussé une attaque complexe lancée par des assaillants arrivés à bord de nombreux véhicules armés», a expliqué la mission de l’ONU au Mali (Minusma). S’ils ont essuyé de lourdes pertes, les Casques bleus ont réussi à «neutraliser nombre d’ennemis» et à «poursuivre les assaillants dans leur déroute».

L’attaque la plus meurtrière pour l’ONU dans ce pays
La Minusma a été déployée en 2013, après que le nord du Mali est tombé sous la coupe de djihadistes liés à Al-Qaïda. Elle compte environ 12 500 militaires et policiers. Jusque-là, elle a déjà perdu plus de 160 Casques bleus, dont plus de 100 dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des soldats de l’ONU tués pendant cette période dans le monde.
L’attaque de dimanche est la plus meurtrière pour l’ONU dans ce pays, toujours en proie à la menace djihadiste malgré plusieurs années d’intervention internationale.
Tout comme les Togolais, les Guinéens ou les Burkinabés, les Casques bleus tchadiens ont payé un lourd tribut: cinq morts dans l’explosion d’une mine près d’Aguelhoc en septembre 2014, puis cinq autres au cours d’une embuscade au nord de cette ville, en mai 2016. En avril dernier, des tirs sur le camp d’Aguelhoc avaient également coûté la vie à deux Casques bleus tchadiens et en avaient blessé plusieurs autres.

Une attaque qui coïncide avec l’arrivée de Benjamin Nétanyahou
Le représentant du secrétaire général de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, a immédiatement condamné une «attaque ignoble et criminelle». Elle «exige une réponse robuste, immédiate et concertée de toutes les forces pour anéantir le péril du terrorisme au Sahel», a-t-il estimé, tandis que le commandement de la force de la Minusma louait la «bravoure» des Tchadiens lors de leur «riposte héroïque».
La ministre française des Armées, Florence Parly, avait justement indiqué dimanche matin à la radio France Inter que la force antidjihadiste du G5 Sahel est «en train de reprendre ses opérations». Après une lente montée en puissance, cette force, constituée par cinq Etats du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) et qui doit atteindre 5000 hommes à pleine capacité, a connu un coup d’arrêt avec l’attaque de son QG le 29 juin à Sévaré, dans le centre du Mali.
L’attaque de dimanche coïncide également avec l’arrivée à NDjamena du Premier ministre Benjamin Nétanyahou, la première visite d’un chef de gouvernement israélien dans ce pays africain à majorité musulmane, parmi les plus engagés dans la lutte contre les organisations djihadistes Boko Haram et Etat islamique dans la bande sahélo-saharienne et en Afrique de l’Ouest.
Les dirigeants israélien et tchadien ont annoncé à cette occasion la «reprise» des relations diplomatiques entre les deux pays, rompues par N’Djamena en 1972.

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