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DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL : L’INDUSTRIE SUCRIÈRE MALIENNE EN DANGER

Les industriels maliens du sucre sont menacés. La fraude fait rage dans le secteur et inquiète. Les pertes en termes de chiffres d’affaires sont énormes.

Environ 20 milliards FCFA de pertes sèches pour les industriels par an, soit 100 000 tonnes de sucre frauduleux ou de contrebande, avec une occupation de près de 20% des parts du marché ! Ce sont là des chiffres divulgués par les experts de la filière, situant sur l’ampleur de la menace de la fraude qui secoue depuis plusieurs années l’industrie sucrière malienne. Le phénomène de la fraude reste entier, favorisé par la porosité des frontières et le laxisme, ou encore la complicité de certains « soldats de l’économie » sur le terrain, commis à la tâche. Une situation que ne manquent pas de dénoncer les opérateurs économiques, vu que la persistance de ce fléau pourrait entraîner la mort des industries locales. Avec ce que cela comporte comme pertes au regard des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects procurés par ce secteur capital pour le développement socio-économique. L’Etat, également, en prend un coup, la fraude et la contrefaçon se traduisant en pertes pour les caisses publiques en raison du manque à gagner en recettes douanières et fiscales. Les fraudeurs ne payant ni droits de douanes à l’entrée ni la TVA.

Un déficit commercial qui ne cesse de se creuser

Le Mali a une balance commerciale déficitaire, et pas des moindres… Alors que la valeur monétaire des importations augmente exponentiellement chaque année, peu a changé en ce qui concerne les exportations.            
Aujourd’hui la production nationale est fortement menacée par la fraude. Celle-ci, a-t-il révélé, occupe 30% du marché local dont la demande est de 100 000 t/an. Un besoin largement couvert par les deux complexes sucriers que compte le pays.
Le danger est que cette situation met à mal la filière. Car, une bonne partie de la production reste stockée dans les entrepôts, sans être écoulée. En effet, des trafiquants usant des frontières terrestres, inondent le marché malien de sucre importé du Brésil, de l’Inde et d’autres pays producteurs. A cette allure, les complexes pourraient mettre la clé sous le paillasson si rien n’est fait pour mettre fin à cette fraude.
Pourtant, les complexes sucriers ont été créés pour lutter contre les disparités régionales. Ceux-ci ont favorisé l’émergence de pools économiques dans leur zone d’activité. Plus de 20 000 âmes vivent autour des zones de production. Ces complexes offrent plus de 10 000 emplois, avec une masse salariale évaluée à 6 milliards de Fcfa. Pour une production annuelle de 100 000 tonnes de sucre par an.
Notons que le secteur sucrier est déficitaire dans la sous-région. Dans l’espace UEMOA, la production est de 372 000 tonnes pour un besoin de 700 000 tonnes. Au niveau de la CEDEAO, la demande est estimée à plus de 2 millions de tonnes, alors que la production est de 1,175 millions de tonnes dont 800 000 tonnes issues des raffineries.  Autant d’opportunités à saisir.

En attendant les réformes de l’État, nous, en tant que citoyens, pouvons déjà mener certaines actions simples mais significatives comme consommer local. Après tout, le développement de notre pays est une responsabilité partagée.

Paul N’GUESSAN

Source: Mali-Horizon

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