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Carnages au centre: Il faut désarmer les milices

Face à la succession des attaques terroristes au centre du Mali avec leur cortège de tragédie humaine (Ogossagou : 160 morts, Sobame Da : 35 morts, Ganfani et Yoro : 38 morts), la meilleure aide que la communauté internationale puisse offrir à notre pays est de l’aider à désarmer le plus rapidement possible les milices armées qui infestent le pays avec des armes de guerre. Cette opération ne doit point être liée à un DDR puisque ce sont des vies humaines qui sont en jeu.

Voici trois à quatre hivernages que dans une bonne partie du centre du Mali, les populations arrivent à peine à cultiver, que le bétail est volé, donc à se nourrir. Face à la situation, l’association dogon « Dana Na Ambassagou » s’est fait défenseur de l’ensemble des populations de la localité, en l’absence bien évidemment de forces régulières pour les protéger.

Malgré ses efforts et sa détermination, les forces du mal continuent de sévir, donnant ainsi l’occasion à certains de défendre la thèse de règlement de compte entre des communautés qui ont pourtant cohabité pacifiquement pendant des siècles, dans cette zone.

Au regard de la fréquence et de l’ampleur des attaques terroristes perpétrées contre les paisibles populations, il y a lieu de se convaincre avec Fahd Ag Almamoud, de la Plateforme, que les drames enregistrés dans cette partie du pays sont loin d’être des actes isolés.

« L’insécurité au centre est la conséquence de la présence des terroristes au nord qui sont à l’aise sur cette partie du pays… Je pense que les plans sont décidés au nord, transmis au centre pour exécution », avait confié le porte-parole de la Plateforme lundi dernier, à l’issue d’une importante rencontre du Comité de suivi de l’Accord pour la paix à l’hôtel de l’amitié de Bamako.

Avant lui, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé avait attiré l’attention de la communauté internationale sur la question, à la tribune des Nations unies : « La crise du centre est intimement liée à celle du nord et constitue une conséquence directe de l’occupation d’une partie de cette région en 2012-2013 par les groupes terroristes », avait-il mis en garde.

Malgré tout, les réactions restent timides alors que le carnage se poursuit parmi la population civile. Ainsi, après Sobame Da, ce 9 juin 2019, qui a officiellement enregistré la mort de 35 personnes, dont 24 enfants, le massacre de dizaines de personnes lors de deux attaques différentes dans deux villages DE Gangafani et Yoro, toujours dans la région de Mopti, ce mardi 18 juin 2019, est venu nous confirmer que le bout du tunnel est encore loin.

Selon Adama Dionko, porte-parole du Collectif des associations du pays dogon, le mode opératoire des assaillants de ces deux attaques était similaire à celui de Sobame Da.

« C’était la même chose qu’à Sobame Da : des personnes, des biens et des animaux ciblés. Ce sont des terroristes, des criminels. Nous demandons à l’État plus de sécurité. Au président IBK de respecter sa parole », a-t-il déclaré à l’AFP.

Pour rappel, le Président IBK à Sobame Da, le 13 juin dernier, soit cinq jours seulement avant ces deux dernières attaques, avait promis de tout mettre en œuvre pour aller au désarmement des milices.

Dans ce même tourbillon est intervenue l’attaque d’un village dans le cercle de Koro qui fera quatre morts et plusieurs têtes de bétail emportées, le 18 juin 2019, dans le village de Bamba par des individus armés circulant à moto.

Moins d’une semaine après ces deux attaques, Gangafani et Yoro, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, à Sobame Da pour rendre hommage aux victimes de ce drame avait promis des sanctions, conformément à la loi, à l’encontre de tout détenteur illégal d’arme.

«L’État procédera immédiatement au désarmement de tous ceux qui détiennent illégalement les armes et celui qui refusera de rendre son arme sera sanctionné sévèrement par la loi», avait-il déclaré. Selon le président IBK « Seuls les militaires doivent porter les armes pour défendre leur pays, sécuriser les populations et leurs biens ».

Les plus hautes autorités du Mali qui ont maintes fois exprimé cette volonté de désarmer les milices, semblent faire face à un manque de moyen de leur politique. Tant que n’importe qui aura le droit de se pavaner dans la nature avec des armes dont ses moyens lui permettent l’acquisition, le phénomène du banditisme et les attaques à main armée et terroristes aura de beaux jours devant lui.

Pendant qu’il est encore temps, un accompagnement précieux à hauteur du défi de la communauté internationale est la bienvenue, la forte présence des forces étrangères ayant montré ses limites.

Par Sidi DAO

SourceInfo Matin

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