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Algérie : le “président zombie” cherche cinquième mandat : Un clan caché derrière Boutéflika

La plateforme digitale Kobiri a fait sensation lors du Salon international de l’agriculture de Paris. Comme en témoigne la présence régulière et massive dans son stand d’éminentes personnalités, dont le Premier ministre français Edouard Philippe, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Didier Guillaume, le secrétaire d’Etat français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, la vice-présidente en charge de l’agriculture du Conseil régional des pays de la Loire et le directeur de l’AFD, Remy Rioux. Toutes ces personnalités tenaient à découvrir la plateforme digitale Kobiri et le fonio “Fony from Guinea”. Une véritable révolution visant à faire évoluer les habitudes dans le monde agricole avec des solutions proposées.
 

Contre toute attente, Abdelaziz Bouteflika, qu’une presse française appelle le “président zombie” s’est adressé au peuple algérien, à travers une lettre lue à la télévision par une journaliste, qu’il briguait un cinquième mandat. En même temps, le chef de l’Etat algérien qui s’exprime avec une assurance d’être réélu le 18 avril prochain, date officielle de l’élection présidentielle, promet une élection présidentielle anticipée, sans sa participation. En plus, il miroite au peuple algérien une “conférence nationale indépendante” pour “débattre et adopter des réformes”pour un “nouveau système rénovateur”.

Mais pourquoi chercher un nouveau mandat, alors que son état de santé ne le lui permet pas ? Et que deviendront ces promesses une fois Bouteflika réélu ? Car aucun calendrier précis n’a été communiqué pour l’élection anticipée et la conférence nationale annoncées.

“Une momie” à la tête de l’Etat

Autant de questions dont les réponses confirment que cette lettre n’émanerait pas du président Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, qui “est inopérant pour diriger le pays”, comme le dit le politologue Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes, invité sur le plateau de TF1, dans l’émission Tour de la question. Il est allé plus loin sans lésiner sur le poids des mots pour prouver que Bouteflika est hors-jeu depuis longtemps : “Il est alité depuis six ans et n’a pas bougé sauf pour aller à l’hôpital.”Pour lui, Bouteflika est “une momie à la tête de l’État”.

Rappelant que le président algérien a été victime d’un accident vasculaire cérébral en 2013 et est aphasique depuis 2014, le politologue d’ajouter : “Ce qui a choqué les Algériens, c’est de le voir sortir le 1er novembre, pour la fête nationale, sanglé sur son fauteuil roulant parce qu’il ne pouvait pas être debout, bavant devant les autorités. Il ne peut pas s’exprimer, se lever, serrer des mains, signer. Ils ont pris pitié pour ce président”. Il souligne que Bouteflika n’a même pas pu annoncer lui-même qu’il était candidat à un cinquième mandat.

Le directeur de l’Observatoire des pays arabes, Antoine Basbous, de continuer ainsi :“Comment gouverner en son nom quand il n’arrive pas à exprimer sa pensée ? Son entourage interprète sa pensée”, indique Antoine Basbous.

Collectif des jeunes engagés pour la mise en place d’un nouveau contrat national

Après la lecture de la lettre prêtée à Bouteflika, c’est donc à un véritable coup de bluff que pensent les Algériens restés mobilisés pour mettre fin au régime actuel en Algérie.

Plus radical, le Collectif des jeunes engagés, créé fin janvier 2019, demande l’annulation de l’élection présidentielle et exige, hic et nunc, la démission du président et de son gouvernement. Ce Collectif appelle à “la mise en place d’un nouveau contrat national entre toutes les forces politiques et citoyennes”. 

Le projet du Collectif se décline en quatre points : rassembler toutes les forces politiques et citoyennes pour définir les contours du projet de l’assemblée constituante; composer un gouvernement d’union nationale pour diriger le pays durant une période transitoire; désigner une personnalité respectée et consensuelle, capable de diriger un gouvernement de transition et veiller à la concrétisation de l’Etat de droit et de la démocratie; s’assurer que le processus constituant aboutisse à une nouvelle constitution conforme à la volonté du peuple algérien.

Saïd Bouteflika : Conseiller et frère du président Bouteflika

Autour de Bouteflika s’est érigé un véritable “clan” qui gère le pays, dénonce le politologue, citant nommément comme véritable chef de l’Etat, le frère du président, Saïd Bouteflika, au contact quotidien avec le président. Il désigne ensuite “le représentant du patronat algérien, quelques militaires et quelques amis”.

Quatre hommes sont aujourd’hui cités comme étant véritablement à la tête de l’Algérie, cachés derrière Bouteflika. Outre Saïd Bouteflika, 61 ans, Conseiller et frère du président de la République, il y a Ahmed Gaïd Salah : Général de corps d’armée et vice-ministre de la Défense.

Ahmed Gaïd Salah : Général de corps d’armée et vice-ministre de la Défense

Le général de corps d’armée Ahmed Gaid Salah, 79 ans, cumule, depuis septembre 2013, les fonctions de chef d’État-major de l’armée et de vice-ministre de la Défense (en Algérie, le poste de ministre de la Défense est occupé par le président de la République). Longtemps commandant de l’armée de terre, Ahmed Gaid Salah, qui revendique une certaine légitimité historique après avoir participé à la guerre d’indépendance, est considéré comme fidèle à Bouteflika.

Athmane Tartag : Général major, chef des services secrets

En 2015, le général major Athmane Tartag, dit “Bachir”, 69 ans, a remplacé le puissant général de corps d’armée Mohamed Mediène, alias “Toufik”, à la tête des services secrets. En 2013, le président Bouteflika a entamé la réforme du Département de renseignements et de sécurité (DRS) dans une volonté d’aller vers “l’État civil”, éloigné des interventions de l’armée puisque le DRS dépendait du ministère de la Défense.

                 Amadou Bamba NIANG

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